En parcourant les registres paroissiaux de Genevrey en Haute-Saône, où étaient mes ancêtres éponymes au début du XVIIIe siècle, j’ai été surpris par un mot, et un seul, dans l’acte de sépulture suivant qui, d’ailleurs, ne concerne pas ma famille :
« Claudius Tournery, Gallus manens a Servigney, annos
natus septuaginta sex obiit die vigesima tertia februarii
anno Domini millesimo septingentesimo quinto Ecclesiae
sacramentis munitus.
Jacquez »« Claude Tournery, Français résidant à Servigney, âgé
de soixante-seize ans, est mort le vingt-trois février
de l’an du Seigneur 1705 muni des sacrements
de l’Église
Jacquez »
Cet acte évoque le hameau de Servigney, qui appartenait à la paroisse de Genevrey, distant de deux kilomètres et lui-même à dix-sept kilomètres de Luxeuil. Le mot surprenant est, bien sûr, « Gallus », « Français ». On est en Franche-Comté et la France a annexé cette province en 1678 à la faveur du traité de Nimègue.
Or, plus d’un quart de siècle après, un vieillard de soixante-seize ans dont on peut supposer que l’installation dans la région est ancienne, vu son grand âge, est encore perçu comme un étranger, un « Français ». L’indépendantisme franc-comtois a encore de beaux jours devant lui et Voltaire écrit dans Le Sècle de Louis XIV à propos du peuple de Franche-Comté : « Son amour pour la maison d’Autriche s’est conservé pendant deux générations ».
9 réponses à “Un Français en Franche-Comté”