Avant 1860 le fleuve côtier du Var servait de frontière entre la France et le comté de Nice. Or, au XVIIIème siècle, il n’existait pas de pont pour le traverser – le premier ne sera construit qu’en 1792 – et on devait traverser le fleuve à gué. On pouvait se faire aider par des passeurs qui connaissaient les endroits favorables, mais les accidents étaient fréquents et les registres de sépulture établis à Nice, en italien, dans la paroisse de Sainte-Hélène, paroisse rurale qui jouxtait le fleuve et la frontière française, révèlent bien des drames. Par exemple « Le 16 juin 1778 a été inhumé le cadavre inconnu trouvé au fleuve du Var » ou bien « Le 29 décembre 1778 a été inhumé le cadavre d’inconnu trouvé noyé dans les eaux du fleuve du Var le 28 dudit [mois] ». Ces morts anonymes sont trop nombreux pour qu’on en donne ici une liste exhaustive. S’agit-il d’imprudents qui faisaient l’économie d’un guide pour passer à gué ? Plus étonnants, ces soldats noyés que rejette le fleuve. Manifestement, ils n’ont pas péri pendant une opération ou une patrouille : ils n’allaient pas traverser la frontière pour se rendre dans le pays voisin. Ce sont des déserteurs qui tentaient de fuir dans les deux sens : du royaume de France vers celui de Sardaigne, ou l’inverse. Ainsi : « Le 30 juin 1767 a été inhumé dans le lieu consacré le corps d’un homme vêtu d’un uniforme de soldat, qui s’est noyé dans le fleuve du Var. » Dans ce dernier cas on ignore à quelle armée appartenait la vicitime, mais souvent l’acte est plus précis : « Le 28 janvier 1778 a été inhumé le cadavre d’un soldat étranger déserteur, des troupes de France, trouvé noyé dans les eaux du fleuve du Var le 27 » ou bien « Le 12 avril 1778 a été inhumé le cadavre d’un homme vêtu en soldat au régiment de France, trouvé noyé dans les eaux du fleuve du Var le 11 » ou encore « Le 25 décembre 1781 a été inhumé le cadavre d’un Français déserteur trouvé noyé dans le fleuve du Var. » Il est rare que la victime soit identifiée avec précision : « Le 15 juillet 1768 a été inhumé dans le lieu consacré le cadavre de Sébastien Bernard d’Alsace en France, feu soldat du régiment Mayer, qui s’est noyé dans les eaux du fleuve du Var. » Plus exceptionnel le décès de militaires venant de Nice : « Le 28 novembre 1781 a été inhumé le cadavre d’un caporal sarde trouvé noyé dans le fleuve du Var ». Les conditions de vie y étaient-elles meilleures que dans l’armée française ?
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